Le choc thermique frappe durement avec cet hiver qui s’est prélassé sur le Québec tout au long d’un printemps qui s’entête à grelotter. Les «snowbirds» qui sont de retour depuis quelques temps ont le frisson, la plénitude du thermomètre floridien les a bel et bien quittés.
Comme un demi million d’autres Canadiens, je profite d’une propriété en Floride afin d’atténuer sur mon organisme les rigueurs hivernales; bois et fers de golf se substituent aux pelles et souffleuses.
Le réconfort du sud
C’est notoire. Nombreux sont les Québécoises et Québécois qui, l’hiver venu, vont quérir un peu de réconfort au sud afin de recharger les batteries. Pour certains, ce sera une semaine en tout inclus à Cuba ou en République dominicaine; d’autres privilégieront quelques semaines au Mexique ou dans les Antilles françaises. Mais le plus grand nombre opte pour la Floride en raison de son accès facile et de la diversité de ses attraits : Orlando pour les familles à la recherche des parcs thématiques, Miami – Fort Lauderdale pour les plages, spectacles et casinos de la région, la pittoresque île de Key West, les plages de sable blanc du Golfe du Mexique ou la pratique du golf ou de la pêche partout dans l’état.
Les ports de Miami, Fort Lauderdale et Cape Canaveral sont les points de départs de dizaines de croisières chaque semaine, une activité qui ne cesse de gagner en popularité et qui offre des destinations partout dans les Caraïbes et les Antilles et jusqu’en Amérique du sud ou le Pacifique en empruntant le Canal de Panama.
3,5 millions de Canadiens séjournent en Floride
Pas moins de 3,5 millions de Canadiens, dont 29 % viennent du Québec, ont visité la Floride en 2017, selon Visit Florida, Ils ont dépensé 6,5 milliards $. L’état de la Floride et les municipalités ont ainsi encaissé 686,5 millions $ en taxes diverses de la part des Canadiens. La force de la devise américaine face au dollar canadien se répercute sur le coût d’un séjour. Cependant, conversion faite, un litre d’essence revient environ au même prix qu’au Québec ou un peu moins, les boissons alcoolisées coûtent le quart moins cher, l’épicerie l’équivalent dans les grandes chaînes et quelque 15 % de moins dans les supermarchés à escompte. Quant au coût d’une propriété, celui-ci sera récupéré au moment de la revente, quoiqu’un condo se vende à moitié prix par rapport au marché immobilier québécois.
La location de chambres d’hôtels ou de motels est encore une option pour quelques-uns, mais l’achat d’une propriété, depuis une vingtaine d’années, s’accroît d’autant plus que les deux principales institutions financières québécoises y ont pignon sur rue : Desjardins Bank et Natbank (Banque nationale). Celles-ci offrent notamment des prêts hypothécaires.
À Go on joue!
Les condos et les complexes de maisons usinées ont la cote et les résidents québécois ne tardent pas à s’organiser collectivement. À titre d’exemple, l’Alliance francophones du Century Village East de Deerfiled Beach compte plus de 2000 membres qui accaparent massivement les installations sportives (tennis, pickleball, volleyball, pétanque, shuffleboard) et les salles de cours de peinture, d’émaux sur cuivre, de couture, de répétition musicale, sans compter une bibliothèque et les salles de jeux de société et de billard. Autrement dit, les séances de bronzage sur la plage ne sont plus en tête de liste des loisirs floridiens.
«Do you speak french»?
Pour desservir les Québécois, Franco-Ontariens et Acadiens, des cliniques médicales et dentaires offrent des services en français, de nombreux entrepreneurs originaires du Québec dans tous les domaines sont présents en permanence et même une Chambre de commerce Canada-Floride promeut les relations économiques entre les deux entités. Deux publications dirigées par des éditeurs d’origine québécoise couvrent le sud de la Floride : un hebdo, Le Soleil de la Floride, et un mensuel, Carrefour Floride. La nouvelle canadienne et québécoise est très présente avec la transmission des canaux télévisés par satellite et l’évolution de l’internet.
Véhicules récréatifs devant!
Une autre tendance se développe depuis quelques années : des séjours à bord de caravanes, d’auto caravanes et de caravanes à sellette. À tel point qu’un entreprenant beauceron a aménagé à Margate (ouest de Fort Lauderdale) un luxueux parc destiné aux autocaravanes de classe A (type autocar). Il est possible de trouver de ces véhicules pour quelque 50 000 $, dans l’usager. Le prix d’un neuf de marque Prévost d’une longueur de 45 pieds peut atteindre jusqu’à près de deux millions $.
La première fois que j’ai expérimenté un voyage à bord d’une autocaravane de classe C de 28 pieds de longueur (genre Econoline avec lit au-dessus de la cabine), je me suis installé sur un terrain de Melbourne (centre est de la Floride). Peu après l’arrivée, se pointe un Prévost qui stationne sur le lot voisin. Mon véhicule, que je considérais jusque-là assez imposant, venait de subir une réduction instantanée à côté de ce mastodonte de presque 20 pieds de plus et dont la hauteur faisait quasiment le double de mon désormais modeste véhicule.
L’engouement pour ces véhicules récréatifs explique leur importante présence, au printemps, sur les routes du Québec. Les « snowbirds » regagnent leurs quartiers estivaux. Les VR sont d’abord stationnés à proximité du domicile, puis, quelques semaines après le retour, de nouveau ils envahissent le réseau routier pour passer l’été sur un terrain de camping ou se déplacer d’une région à une autre au gré des festivals, par exemple.
La Floride est devenu un mode de vie pour une bonne proportion de Québécois qui restent cependant très attachés à leurs racines et les transplantent, pour quelques mois par année, au cœur de l’état américain le plus ensoleillé. PaAr contre, tout le monde ne peut s’offrir la Floride, souvent trop cher et trop loin… pour ceux qui restent, jetez un œil à cet article qui nous parle des stratégies hivernales à adopter pour les aînés qui habitent au Québec.
– Yvan Sinotte
